Afrique de l’Ouest : l’activité hôtelière face à ses faiblesses
Le manque de visibilité sur les principaux marchés, la carence des réseaux routiers et ferroviaires, l’insuffisance et à la cherté des dessertes aériennes, ainsi que l’absence d’un cadre institutionnel et administratif incitatif constituent les principaux obstacles en Afrique de l’Ouest. Malgré les directives de l’UEMOA (à l’exception notable du Mali), le secteur hôtelier, voire touristique, n’est pas, dans les faits, un secteur prioritaire d’investissement et ne bénéficie pas de mesures incitatives à l’investissement (facilités douanières et fiscales etc.) qui soient compétitives. Ces pays privilégient souvent les industries extractives et manufacturières, peu créatrices de valeur ajoutée locale. En outre, les risques liés à l’insécurité ternissent l’image des destinations et limitent les flux touristiques. Ce fut le cas du Mali et de la Guinée Bissau, deux pays qui ont souffert de coups d’états militaires et d’instabilité politique en 2012 et 2013. D’autres problématiques complexifient la donne et freinent l’expansion de l’activité hôtelière et touristique, plus particulièrement dans les espaces UEMOA et CEDEAO. Tout d’abord, les parcs hôteliers sont particulièrement concentrés dans les zones urbaines, délaissant les zones rurales où le manque d’infrastructures (routes, aéroports, hôtels) limite d’ailleurs le tourisme d’intérieur ou de loisirs. De plus, le faible niveau, voire l’inexistence quasi-totale de formations de personnel en hôtellerie dans l’espace UEMOA, influe sur la qualité des prestations proposées. Enfin, le développement des filières d’hébergement informel et le non-respect des normes de construction réduit le taux d’occupation des hôtels et induit un manque à gagner fiscal. L’absence de structure financière dédiée au développement du secteur touristique et hôtelier est tout aussi regrettable. Plusieurs facteurs limitent les banques commerciales et de dépôts, les rendant frileuses à tout financement du secteur : absence de ressources longues, spécialisation insuffisante concernant les questions de financement des activités touristiques, crédits non adaptés aux besoins des professionnels, manque de confiance vis-à-vis de ces derniers et taux d’intérêts élevés. Le tourisme est encore trop souvent perçu comme un secteur à risques multiples pour les investisseurs. Deux autres facteurs achèvent de compléter ce tableau. D’une part, les taxes appliquées dans les Etats membres de l’UEMOA et les coûts élevés de certains services de base (eau, électricité, télécommunications) alourdissent le coût de fonctionnement qui se répercute sur les coûts de séjour des touristes, ce qui limite la compétitivité et l’attractivité des infrastructures hôtelières et touristiques de la zone. D’autre part, le développement touristique pêche également par le manque de systèmes d’information et informatiques. Les hôtels africains sont quasi absents sur les GDS 5, et l’instabilité des débits internet rend difficiles les paiements en ligne.
Cinq mesures phares pour dynamiser le secteur
Pour rendre plus fluide le secteur touristique et hôtelier, il est important de créer un marché régional permettant d’exploiter tout le potentiel touristique des Etats de la région. C’est au regard de cette situation que les Etats membres de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ont décidé d’emprunter une démarche communautaire pour surmonter ces freins. Cinq mesures fortes permettraient d’assurer le développement de l’activité en Afrique de l’Ouest :
- Le développement de l’offre touristique communautaire : aménagement des sites touristiques et renforcement des infrastructures de base comme les aéroports, les routes, les hôtels ou encore l’offre de restauration ;
- L’amélioration de la visibilité et de la compétitivité des destinations touristiques de l’UEMOA par la promotion du tourisme tant international qu’intracommunautaire, le financement de l’investissement touristique ;
- La mise en œuvre de mesures incitatives à l’investissement dans le secteur, notamment l’amélioration des mesures existantes. Le Mali a adopté un plan stratégique de développement du secteur touristique qui a renforcé le Code des Investissements, notamment la mobilisation de l’épargne nationale et l’attrait de capitaux étrangers, la création d’emplois tout en formant une main d’œuvre qualifiée, la promotion d’un tissu économique performant et complémentaire ;
- La construction d’infrastructures routières et ferroviaires (voire aéroportuaires) pour désenclaver les zones touristiques et faciliter leur accès aux touristes nationaux et étrangers ;
- Le renforcement des capacités des acteurs du secteur touristique tels que les administrations nationales du tourisme et les cadres de concertation et de perfectionnement des acteurs, la mise en place d’un système régional d’information sur le tourisme.








